En ce debut d'année 2015 une nouvelle page se tourne avec la publication des données que j'ai pu collecter au sujet des Maori.
Voici un an que je suis allé découvrir la Polynésie Française. Une belle occasion pour approfondir mes connaissances sur les peuples d'Océanie.
Je vous livre ici un résumé de ce que vous pourrez lire en détail sur le site .
Maori au tatouage traditionnel |
Les Maori sont des peuples de l’Océanie, d’origine Austronésienne éparpillés dans les archipels du Pacifique. Ils se répartissent selon une terminologie ancienne, en Polynésiens, Micronésiens et pour partie en Mélanésiens,
Le terme Maori signifie "indigène" et ne correspond pas à une ethnie bien spécifique de Polynésie mais désigne l'ensemble des groupes de population de Polynésie et de Mélanésie orientale parlant des langues polynésiennes (Océaniennes), qui sont relativement inter-compréhensibles.
L’immensité du territoire occupé, essentiellement l’Océanie éloignée, à conduit à des évolutions particulières de certaines populations aussi bien du point de vue linguistique que sociale, mais en conservant des racines communes issues de l’Asie du sud-est maritime (culture Austronésienne)
C’est ainsi que les Marquisiens, peuple des îles Marquises, constituent une population particulière au même titre que les Maori de Nouvelles Zélande, les Ma’ohi des îles de la Société ou des Tuamotu en Polynésie française, ou des Maori des îles Hawaï par exemple.
Le recensement des Maori est difficile. Les données ne concernent souvent que ceux de Nouvelle Zélande, les autres appartiennent à des archipels où ils ont souvent perdu leurs références à des origines Maori en particulier sous l’influence des colonisateurs.
A partir des déclarations et quelque fois des recensements,(voir estimation sur démographie maori) l’ensemble de la population Maori de l’Océanie éloignée (Polynésie, Micronésie et une partie de la Mélanésie) représentent de l’ordre de 2,6 millions d’individus sur les 8,4 millions que compte la région. (hors Australie et Papouasie)
Les Maori sont minoritaires en Nouvelle Zélande et aux îles Hawaï (790 000 Maori sur les 5,8 millions d’habitants que comptent ces deux états), mais restent majoritaire dans l’ensemble des autres nations et territoires (de l’ordre de 1,8 millions de Maori pour 3,6 millions d’habitants)
On se référera à l’article sur les pays et territoires de l’Océanie éloignée pour en retrouver la liste.
26 états ou territoires, peu peuplés, s'éparpillent sur le vaste Océan Pacifique. Certains feront parti des futurs réfugiés climatiques comme Tuvalu mais qui ne compte que 12 000 habitants! ( à comparer aux millions de Bangladeshi eux aussi concernés)
Avant l’arrivée des Européens, les Maori étaient beaucoup plus nombreux. La population diminua drastiquement sous l’effet conjugué des maladies importées, contre lesquelles ils n’étaient pas immunisés, et à cause des ravages du à l’alcool. C’est dû aussi à une augmentation du nombre des conflits, attisés par la concurrence entre les conquérants occidentaux, et rendus plus motels par l’utilisation des armes nouvelles (fusils…). Sous l’effet du désespoir, dans certains clans, les pratiques d’infanticides se renforcèrent. Aux Marquises, par exemple, la population passa en quelques décennies de 60 à 80 000 à quelques milliers.
La culture Maori trouve ses origines dans la culture austronésienne
En particulier :
• L’attachement à la terre (Fenu’a)
• L’aptitude à la navigation hauturière
• L’organisation sociale hiérarchique
• Le respect des anciens et l’adoration des grandes figures historiques (Tiki)
• La gestion parcimonieuse des ressources naturelles : existence d’interdictions périodique (Tapu : tabou) pour préserver les espèces ou les récoltes
• La tradition d’expatriation (en général des cadets des grandes familles) vers de nouvelles terres lorsque les ressources locales devenaient insuffisantes.
Les Maori sont très attachés à des valeurs spécifiques comme l’idéologie du prestige, l’organisation en clans et maisonnées selon des lignages et le rôle de redistribution des nobles, ainsi que la primauté de l’intérêt collectif sur la liberté individuelle.
De très nombreuses guerres inter claniques jalonnèrent l'histoire des Maori. A aucun moment une unité politique d'ensemble ne vis le jour. Des alliances et des affrontements modelèrent les contours des petits royaumes qui ne régnaient que rarement sur plus de quelques îles ou un archipel même si des liens de suzeraineté existaient.
Les Maori ont leur approche spécifique de concepts culturels généraux comme leur perception du temps, une approche particulière de l’espace, la primauté du bien collectif sur l’individuel, leurs relations à la nature.
Le présent et l’action immédiate dont on fait l’expérience concrète restent des valeurs fondamentales. Tout se passe comme si ou l’expérience proche et l’instant était plus important que ce qui est loin. Le polynésien est d’abord perceptif et sensitif, en se fondant sur l’expérience physique concrète.
L’organisation sociale des Maori repose sur une répartition en classes proche des castes (sans son aspect héréditaire et endogamique systématique). Elle privilégie les valeurs collectives aux libertés individuelles et sont particulièrement vivantes au sein des familles élargies et des clans.
Compte tenu des faibles ressources disponibles sur beaucoup d’archipels l’exploitation en est parcimonieuse et ne vise à en prélever que ce qui est nécessaire à la vie du groupe. Afin de permettre la reconstitution des réserves de nourriture, les prêtres édictent des interdictions temporaires ou saisonnières (des Tabu) sur certaines espèces ou produits
Elle est à la base d'une organisation très contraignante ne se limitant pas aux parents et enfants. Les liens sont consolidés au cours de repas traditionnels (tamaaraa). Ils vivent en réseaux solidaires mais aussi générant son lot de convoitises et de jalousies.
Elle est la constante préoccupation des Māoris, capables de décliner la liste de leurs ancêtres jusqu'au premier d'entre eux, migrant de la lointaine et mythique Hawaiki, vingt ou trente générations plus tôt.
La récitation de généalogies servait à fournir une sorte d'échelle temporelle qui unifiait tous les mythes, les traditions et l'histoire māori. Cela reliait les peuples aux dieux et aux héros légendaires. Le récit généalogique se révèle être une véritable forme littéraire.
L'organisation sociale ancestrale des Maori était du type tribal, regroupant des clans en chefferies.
Les liens sociaux étaient (et son encore) tissés par l'échange des dons. Les Maori instituèrent une hiérarchie sophistiquée dans l'échange de dons en leur conférant une valeur spirituelle, scellant les alliances entre membres de familles, entres clans ou entre tribus
La religion Mahori se base sur des croyances en des dieux créateurs et un panthéon de dieux vénérés en fonctions des circonstances et des événements.
Les Māori considèrent le monde comme un environnement où toute vie est créée par Papatūānuku (la Terre Mère) et où toutes les choses sur cette terre sont reliées entre elles.
En tant que religion appartenant à une culture de tradition orale et faisant une large place aux esprits de la nature, elle fait partie de la vaste famille des religions animistes.
Le Mana est un terme qui fait référence à une force ou une qualité d’origine spirituelle, qui réside dans les êtres vivants, les animaux, et même les objets animés ou inanimés, lorsqu’ils inspirent le prestige et le respect. Une façon qu’ont les Māori d’exprimer la valeur d’un être est de parler de leur mana ou pouvoir personnel. Avoir du mana veut donc dire faire preuve d’efficacité et d’influence, en ayant conféré le pouvoir d’accomplir certaines choses dans une situation donnée, en faisant preuve d’autorité et en dirigeant une tribu.
Le terme marae, malae ou me'ae désignent chez les Maori un espace réservé aux activités de la hiérarchie sociale : réunions, intronisation des chefs, repas cérémoniels... Dans certaines îles, on y établissait la maison du chef; ailleurs, celle des ancêtres ou des dieux.
Lieux de culte des ancêtres et des divinités, ils étaient un espace de rencontre entre les hommes et l'au-delà. Les cérémonies qui s'y déroulaient donnaient lieu à des prières, des sacrifices, des invocations aux ancêtres.
A travers la musique et le chant, les Māori expriment tous les aspects de la vie sociale, individuelle et spirituelle: des chansons existent pour le deuil, pour l’amour, pour fêter une naissance, pour insulter un ennemi, pour la pêche, pour faire appel à l’histoire et à la généalogie… Les flûtes, trompettes et percussions saisissent les sons de la nature : oiseaux, insectes et vent.
LES DANSES
Les danses autrefois exécutées lors des cérémonies religieuses, font maintenant partie de représentations folkloriques pour celles qui ont pu être transmise sans transgresser des interdits religieux des colonisateurs. Il est probable que certaines d’entre elles aient disparues. Répréhensibles par la morale occidentale (lors de sacrifices humains, où à l’occasion de rites d’initiation de jeunes gens ou de jeunes filles par exemples) elles n’étaient exécutées qu’en cachette lors des cérémonies sacrées dans les îles les plus isolées.
Le tatouage était à la fois un vêtement et un ornement.
C’était surtout un ornement très apprécié qui faisait mépriser l’homme non tatoué (kikino), tandis que le po’okeho ou to’o’ata, c’est-à-dire l’individu dont le corps disparaissait sous les tatouages, était regardé comme un homme d’une suprême élégance.
Les jeunes étaient tatoués entre la quinzième et la vingtième année. Il fallait être de famille riche pour être tatoué sur commande.
La « religion du développement » que l’Occident a propagé au XXe siècle est comparable au christianisme répandu au XIXe siècle par les missionnaires. L’arrivée d’une société de consommation n’est pas sans conséquences sur le mode de vie des habitants surtout dans les régions les plus en relations avec le reste du monde.
Les Maori sont amenés à concilier le développement, la démocratie, les libertés individuelles, la vie privée au sens occidental, avec la logique de vie collective traditionnelle.
Avant l’arrivée des occidentaux, bien qu’il n’y eût pas de monnaie maori, l’économie maori était une économie d’échanges intenses par le canal de la chefferie et grâce au nombre et à l’importance des festivités qui avaient lieu. Elle n’exprimait pas les concepts de profits, d’accumulation ou de consommation que nous connaissons, mais répondait à des soucis de prestige, de réciprocité, de générosité.
L’économie ancienne était, au-delà de la satisfaction des besoins de subsistances, une économie cérémonielle - voire de fêtes - reposant sur le don, la coopération, mais surtout le prélèvement effectué par les dominants (ari'ì, ra’atira) sur les dépendants (manahume).
La colonisation a détruit en grande partie l’organisation sociale traditionnelle. La mise en place d’une administration du type occidentale a conduit à une juxtaposition des us et coutumes locales avec des lois issues des systèmes démocratiques en vigueur en Europe. En particulier en ignorant le système des castes, et en conférant à chacun un statut individuel de citoyen, les colonisateurs ont déstabilisé l’organisation sociale basée sur la vie collective très hiérarchisée et fortement contrainte par des règles religieuses. Dans certains archipels continuent de se côtoyer le droit coutumier et le droit d’inspiration occidental. On assiste ainsi au maintien des règles tribales secrètes coiffées par le système administratif et judiciaire imposé par le colonisateur.
A la modification de statut social s’ajoute celle des nouvelles croyances religieuses fermement imposées par les évangélisateurs.
L’économie nouvelle devient une économie mixte, à la fois économie traditionnelle (de subsistance et économie cérémonielle, l’Eglise se substituant en tant que support social à l’ancienne religion), mais aussi économie marchande. Le traditionnel respect de la préservation des ressources alimentaires et naturelles est oublié. Le respect de la nature n’est plus une préoccupation et les conséquences en sont devenues néfastes pour l’environnement. (Surconsommation d’énergie, multiplication des déchets non recyclables, dépendance vis-à-vis des produits importés…) Les signes extérieurs s’illustrent aujourd’hui par la dimension du 4*4 possédé, le recours à la climatisation des locaux, la dimension des habitations, les objets du confort ménager, avec une montée de l'individualisme et donc la disparition du sens partage et de la redistribution entre les membres des clans.
Une nouvelle structure sociale a remplacé la domination des ari’i par celle des propriétaires terriens, par l’encadrement colonial ou administratif européen et par le développement d‘une forte diaspora commerçante chinoise. Avec l'arrivée du progrès technique, la qualité de la santé s'est améliorée, l'espérance de vie a augmentée, mais les modifications des habitudes alimentaires conduisent à une multiplication des cas d'obésité.
Des écarts considérable de niveau de vie sont apparu à la suite des décolonisations ou selon le niveau d’implication des tutelles sur la vie économique des archipels. La Polynésie française et la Nouvelle Calédonie sont les territoires qui ont le plus bénéficié des largesses métropolitaines au moment des essais nucléaires pour l’un ou grâce à l’exploitation des ressources en Nickel pour l’autre. D'autres comme Hawaï, en devenant le 50ème état des Etats Unis, se sont considérablement « américanisés » et ouvert au tourisme "industriel". A l’autre extrémité des micros états comme Tuvalu, Kiribati et d’autres, sont resté très pauvres (10 à 20 fois moins que la Polynésie française) et en marge de l’économie occidentale. Ils survivent économiquement très difficilement, sont devenu des terres d'émigration, et qui plus est sont confrontés à la montée des eaux consécutives au réchauffement climatique.
L’image idyllique de « paradis sur terres » des îles polynésienne ne sert que pour la promotion du tourisme de luxe au profit de groupes financiers. La culture des Maori risquent donc, comme la plupart des minorités du monde, de se dissoudre dans la globalisation et l’uniformisation ou de finir par un repli sur soi avec des revendications identitaires incomprises.