Le socle de la civilisation ouest-africaine reste ancré dans le monde rural.
Il est dominé par la complémentarité, mais aussi de plus en plus, par l’opposition entre les sédentaires du sud et les nomades du nord, spécialement au Sahel.
Ce qui unit les sociétés rurales est une organisation selon deux piliers : la solidarité et l’autorité. La solidarité repose, comme ailleurs dans le monde, sur la famille et les règles sociales. L’autorité est confiée au chef (chefferies) et au Conseil des Anciens.
Ce qui les divise est la gestion patrimoniale des terres. Elle est individuelle ou familiale chez les sédentaires, et s’oppose à la gestion collective des territoires où ils nomadisent, chez les éleveurs.
Les différences entre le nord et le sud portent aussi sur des différences dans les relations commerciales. Au nord, les routes marchandes et les cités-marchés créées par de puissants réseaux commerçants ont favorisé les mobilités et les échanges. Au sud, c’est la gestion du patrimoine qui prévaut, défini par les terres possédées, alors qu’au nord, c’est l’importance des troupeaux détenus qui est importante.
L’organisation sociale, elle, répond à des distinctions historiques héritées des peuples venus d’Afrique nilo-soudanaise, reposant sur de traditionnels systèmes de castes. Ils correspondaient à une forme de stratification sociale présente dans de nombreux groupes ethniques, tout particulièrement chez ceux de la région du Sahel, en Afrique de l'Ouest centrale à l’époque des empires médiévaux.
Depuis les colonisations, les terres du sud, propice au développement à grande échelle de monocultures, sont souvent devenues propriété de multinationales. Cela a réduit l’espace disponible pour l’agriculture locale des populations autochtones. Qui plus est, l’introduction de règles de gestion administratives occidentales, comme le cadastre, n’a pas été à l’avantage des populations où la tradition orale reste de mise.
La situation est aggravée par les sécheresses de plus en plus importantes en région sahélienne qui provoquent une migration des éleveurs vers le sud, sur des territoires cultivés, non communautaires.
Le développement des productions agricoles exportables, coton, café, arachide, cacao entre autres, puis celui de l’urbanisation côtière ont conduit à une réorganisation des terres entre des grandes exploitations utilisant une main-d’oeuvre importante, provoquant des migrations interrégionales.
La croissance démographique et la modernisation des échanges favorisent le développement des villes, en particulier côtières, de l’ouest-africain. Elles ont absorbé les deux tiers de l’augmentation de la population enregistrés depuis 1960 et accueillent aujourd'hui 45 % des habitants.
Les groupes sociaux urbains se reforment selon les solidarités familiales et la référence aux villages d’origine, au terroir, à ses traditions et à ses célébrations.
« Ce que les hommes appellent civilisation c’est l’état actuel des mœurs et ce qu’ils appellent barbarie ce sont les états antérieurs » A.France.
« La civilisation ne peut se définir que par rapport à toutes les sciences de l'homme (géographie, sociologie, économie, psychologie collective) en n’ignorant pas l’histoire » F.Braudel
L'ethnologie (ou anthropologie sociale et culturelle) est une science humaine qui relève de l'anthropologie, et dont l'objet est l'étude explicative et comparative de l'ensemble des caractères sociaux et culturels des groupes humains « les plus manifestes comme les moins avouées »
Fondements et objectifs de l’ethnologie
L'ethnologie s'inscrit dans le vaste paysage des sciences humaines. Elle s’appuie sur des études ethnographiques que réalisent les anthropologues.
Cette science récente, moins de deux cents ans, a son origine dans les découvertes des peuples consécutives à l'expansion coloniale des pays occidentaux. Il en est sorti une connotation impérialiste de ségrégation des populations entre civilisée et primitives. Schématiquement, les activités de la sociologie au sens large se répartissent entre l’Ethnographie qui concerne les ethnies primitives et la sociologie qui concerne les peuples « dits » civilisés
À la fin du XXe siècle, cette approche dévalorisante a évolué vers une décomposition où l’Ethnographie (ou anthropologie sociale) concerne une analyse qualitative de l'observation des peuples sur le terrain et la Sociologie concerne l'analyse quantitative basée sur une étude statistique et globale des populations
Les principaux aspects sociaux étudiés au cours des recherches ethnographiques concernent les relations de parenté, le rôle des ancêtres, la connaissance des langues et de la linguistique associée, et l’identification des groupes ethniques.